Le Tibet
7 jours au pays des neiges
Après ce superbe voyage en train, nous arrivons enfin à Lhassa qui est à 3650m.
Nous sommes partis avec un groupe de chinois, mais à cause des malaises de mon amie coréenne, qui retardaient la progression du groupe, ils ont choisis unanimement de ne pas suivre le même programme de voyage que nous (Lhassa-Shigatse-Yangbajin-Nongfu). Du coup, on s’est retrouvé avec un 4x4 et un guide pour tous les 2 pendant 4 jours ! C’était vraiment bien !
Lhassa s’est énormément développée, compte beaucoup de bars et de boîtes de nuit. Mais, ce n’est pas non plus une grande ville urbaine avec des tours, je trouve que ça reste convenable. On y vient pour voir le Potola bien sur (l’ancienne résidence du dailai-lama, avant que celui-ci ne soit contraint à l’exil par les chinois), mais aussi le centre historique, le quartier Ba jiao et ses temples, où les Tibétains vont faire des prières.
La physionomie des tibétains n’a rien à voir avec celle des chinois. Beaucoup sont quasiment noirs (le soleil tape fort), et la plupart portent des costumes traditionnels, assortis de bijoux et de chapeaux. Ils se déplacent en faisant tourner leur moulin à prière et sont incroyablement dévots. Sur les routes rapides construites par les chinois, on croise beaucoup de pèlerins qui, après avoir marché 3 pas, se prosterne sur le bitume, et recommencent inlassablement.
Comme j’étais avec un groupe de chinois, j’ai pu apprendre pas mal de chose sur l’histoire du Tibet, comme on ne la raconte pas chez nous ! Selon notre guide, c’est à cause des ambitions anglaises de coloniser le Tibet et du nombre d’occidentaux présents sur place, que les chinois se sont décidés à le « libérer » en 1949… Depuis, c’est une province chinoise (à statut spécial).
Partout au Tibet, on voit le drapeau chinois flotter sur des bâtiments. Ça fait très colonial, car ça ne va pas du tout avec l’environnement et les gens si différents. Même chose pour les caractères chinois, le long des routes, ça fait tâche je trouve. C’est très bizarre, ça m’a donné le sentiment de vivre dans un endroit colonisé.
Le Tibet est aujourd’hui un État policier. Quand on sort de Lhassa, on doit passer par de multiples check point tout au long de la route. On croise très souvent des convois militaires. Il y a un temps définir pour parcourir la distance entre 2 check point, il faut être pile à l’heure, sinon, on a des ennuis. Notre 4x4 s’est garé dix minutes sur le bord de la route, afin d’être ponctuel au prochain barrage, car le chauffeur, s’est rendu compte que nous étions allé trop vite !
Avant de partir, sur notre liste de recommandation pour le voyage, il nous était indiquer qu’il fallait « éviter de parler de politique et de religions »… A un barrage, notre chauffeur tibétain descend du 4x4 pour remplir des formulaires. Je demande alors au guide (chinois han) pourquoi il y a autant de militaires dans le coin. Il me dit que c’est pour la sécurité, et qu’il y en a partout comme ça en Chine. Je lui répond qu’à ce point là c’est quand même bizarre, il y a beaucoup d’insécurité au Tibet ? Là, il finit pas lâcher, un peu gêné : « tu sais bien, il y en a quelque uns qui veulent plus d’autonomie, qui sont pas très content de voir des chinois ici, mais… Attends ! le chauffeur revient, il est tibétain, on n’en parle plus !». J’ai également assisté dans un restaurant à une querelle des mes voisins de tables (un tibétain, une chinoise). Ils étaient amis, mais pas d’accord sur le statut du Tibet.
Les chinois ne comprennent pas pourquoi les tibétains ne les aiment pas. Ils leurs construisent un aéroport, et des routes toutes neuves, et se chargent du développement économique de la région. On peut se rendre à Katmandu au Népal assez rapidement grâce à ces nouvelles routes. C’est vrai qu’à part ce qu’ont construit les chinois, le Tibet, c’est le Moyen âge. La Chine, avec ses aspects de pays du tiers monde, me donne souvent l’impression de vivre dans un environnement qui était celui de la France il y a 50 ans. Mais là, c’est plusieurs siècles dans le passé. Les paysans, les éleveurs, les gens qui vivent toujours avec les mêmes coutumes ancestrales… Sortis de Lhassa, et de quelques petites villes, il n’y a que des bergers avec leur moutons, des agriculteurs qui labourent avec leurs Yacks et une maison par ci par là. C’est une des provinces les plus pauvre de Chine. Mais le gouvernement chinois, en aménageant la province, détruit une partie du trésor culturel tibétain.
En sortant de Lhassa, j’aperçois des maisons de style tibétain (au moins une centaine) qui sont marqués du caractère « 拆 » (démolir). Elles sont appelées à être rasés dans un futur proche. A la place, on aura certainement un bel hôtel en béton. Là encore, pour les chinois, la raison est évidente : « ces maisons n’ont même pas l’eau courante, qui peut vouloir vivre là ? ». Au risque, en plus de la perte culturelle, de tuer lentement le potentiel touristique de la région…
La construction de la ligne Pékin-Lhassa répond à la même volonté de colonisation. Raccourcir les distances pour faire venir le plus de chinois possible sur place.
Cette parenthèse politique étant refermée, j’ai vraiment apprécié mon séjour là bas. Ce fut très dépaysant et j’avais encore des images plein la tête en rentrant. Je vous renvoie aux photos (ici).
De retour à Pékin, c’est l’été. On range enfin les manteaux au placard, et ça fait du bien !